La guerre d'Espagne

La guerre d’Espagne (également désignée « guerre civile espagnole ») est un conflit qui, de 1 à, opposa en Espagne, d’une part le camp des républicains, orienté à gauche et à l’extrême gauche, composé de loyalistes à l’égard du gouvernement légalement établi de la IIe République, de communistes, de léninistes et de révolutionnaires anarchistes, et d’autre part les nationalistes, les rebelles putschistes orientés à droite et à l’extrême droite et menés par le général Franco.

Cette guerre se termina par la victoire des nationalistes qui établiront une dictature connue sous le nom d’« État espagnol » durant 36 ans, dirigé par Franco portant le titre de Caudillo, jusqu’à la transition démocratique qui n’intervint qu’à la suite de la mort de Franco le 20 novembre 1975.

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« La question « Qu’en est-il de l’Espagne ? » serait relativement simple si elle ne concernait que l’Espagne. La trahison armée des officiers fut vaincue dès la première semaine grâce au soulèvement populaire. (…) Mais du fait de l’échec évident de Franco, Hitler et Mussolini vinrent à son secours avec des armes, des officiers et finalement des troupes en nombre croissant. C’est ainsi que la question se transforma en : « Qu’en est-il de l’Europe ? »
(…)
Le conflit espagnol a cessé d’être une guerre civile. Il est devenu une invasion armée par les puissances fascistes européennes contre le peuple espagnol. (…) Contre de telles forces, le peuple espagnol lutte pour son indépendance nationale et pour la liberté du monde. Il s’agit d’un peuple pauvre, partiellement alphabétisé, mal armé et sans expérience de la guerre. Mais ils savent ce qu’est la liberté, et ont bien l’intention de la conserver. Ils savent aussi qu’ils sont en première ligne contre les forces obscures qui menacent d’engloutir toute l’Europe. « Mieux vaut mourir debout que vivre à genoux », s’écria Dolores Ibarruri. Ses paroles résonnent dans toute l’Espagne.
(…)
Une seule question fut soulevée au sujet des enjeux d’une bataille : « Peut-on battre Franco assez tôt pour empêcher une guerre européenne? » C’est la vraie question. « S’il n’y avait pas eu d’aide étrangère, nous les aurions battus en juillet dernier. L’Espagne aurait alors été en paix et n’aurait pas été une source de guerre pour l’Europe. Si nous avions été autorisés par les pays démocratiques à nous armer lorsque les fascistes ont armé les rebelles, nous les aurions battus à Noël. » (…) Mais les gouvernement des démocraties capitalistes espèrent se protéger du tourbillon fasciste en imaginant qu’ils pourront l’acheter ou le calmer. Une peur confuse règne dans l’esprit de millions de gens, tandis qu’ils se précipitent à signer des pactes de non-intervention pour se tenir à l’écart du conflit espagnol. (…) Et dans les coulisses, les forces réactionnaires qui savent très bien que « se tenir à l’écart de l’Espagne » signifie aider ses envahisseurs, exploitent cyniquement la panique des peuples, les remettant aux mains des fascistes qui préparent le terrain pour une guerre mondiale.
(…)
Une conquête germano-italienne de l’Espagne mettrait en danger tout à la fois l’empire français et britannique. Mais cette conquête serait moins dangereuse pour la conservation du pouvoir des capitalistes britanniques sur les travailleurs britanniques que ne le serait une victoire du Front Populaire. Les intérêts de classe s’avèrent donc primordiaux.
(…)
J’en reviens donc aux paroles que Marcelino Domingo m’a dites il y a six mois à Paris et que je me remémore chaque mois depuis : « L’Espagne est le front d’une ligne de bataille qui traverse toutes les frontières dans tous les pays démocratiques. Si les forces démocratiques espagnoles devaient être anéanties, ce n’est pas seulement l’Espagne qui sera détruite, mais la démocratie universelle qui subira un coup sévère. Alors, les pays démocratiques du monde seront confrontés à une guerre dont ils auront déjà perdu la première bataille. »

Anna Louise Strong, « L’Espagne en armes », 1937.

No Pasaran – Dolores Ibarruri (La Pasionaria) – 19 juillet 1936
– Appel effectué du balcon du ministère de l’intérieur à Madrid –

Ouvriers !
Paysans !
Antifascistes !
Espagnols patriotes !
Face au soulèvement militaire fasciste, tous debout !
Défendons la République !
Défendons les libertés populaires et les conquêtes démocratiques du peuple !
Par les communiqués du gouvernement et du Front populaire, le peuple connaît la gravité du moment actuel.
Au Maroc et aux Canaries, les travailleurs sont en lutte aux côtés des forces restées fidèles à la République, contre les militaires et les fascistes insurgés.
Au cri de :  » Le fascisme ne passera pas, les bourreaux d’octobre ne passeront pas ! »…
les ouvriers et les paysans de diverses provinces d’Espagne s’incorporent à la lutte contre les ennemis de la République. Les communistes, les socialistes et les anarchistes, les républicains démocrates, les soldats et les forces demeurées loyales à la République ont infligé les premières défaites aux factieux qui traînent dans la boue de la trahison l’honneur militaire dont ils se glorifiaient tant.
Tout le pays vibre d’indignation devant ces misérables qui veulent plonger l’Espagne démocratique et populaire dans un enfer de terreur et de mort.
Mais ils ne passeront pas !
L’Espagne entière s’apprête au combat.
A Madrid, le peuple est dans la rue, soutenant le gouvernement et le stimulant avec son énergie et son esprit de lutte, pour que les militaires et les fascistes insurgés soient totalement écrasés.
Jeunes, préparez-vous au combat !
Femmes, héroïques femmes du peuple !
Souvenez-vous de l’héroïsme des femmes des Asturies en 1934.
Luttez vous aussi aux côtés des hommes pour défendre la vie et la liberté de vos enfants que le fascisme menace !
Soldats, fils du peuple !
Restez fidèles au gouvernement et à la République, luttez aux côtés des travailleurs, aux côtés des forces du Front populaire, aux côtés de vos parents, de vos frères et de vos camarades !
Luttez pour l’Espagne du 16 février, luttez pour la République, aidez-les à vaincre !
Travailleurs de toutes tendances !
Le gouvernement met entre vos mains des armes pour sauver l’Espagne et le peuple de l’horreur et de la honte que représenterait la victoire des bourreaux d’octobre couverts de sang. Que nul n’hésite ! Soyez tous prêts pour l’action !
Chaque ouvrier, chaque antifasciste doit se considérer comme un soldat en armes.
Peuples de Catalogne, du Pays basque et de Galice !
Espagnols de partout !
Défendons la République démocratique, consolidons la victoire obtenue par le peuple le 16 février.
Le Parti communiste vous appelle au combat.
Il appelle tout spécialement les ouvriers, les paysans, les intellectuels à occuper un poste de combat pour écraser définitivement les ennemis de la République et des libertés populaires.
Vive le Front populaire !
Vive l’union de tous les antifascistes !
Vive la République du peuple !
Les fascistes ne passeront pas !
Ils ne passeront pas !
No pasaran !

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